Artistes d’Ottawa enterrés à Beechwood

L’artiste fait partie de la communauté de Bytown/Ottawa depuis qu’a débuté la colonisation près des écluses qui regroupent le Canal Rideau et la Rivière Ottawa. La construction du canal (de 1826 à 1832) a été un projet militaire des envoyés du génie royal de l’Armée britannique, sous le commandement du Colonel John By, dont le nom a été donné à la colonie. Le projet a donné une voie navigable entre Kingston et Montréal, par l’entremise des rivières Rideau et Ottawa, et tout un réseau de lacs.

Les officiers du génie royal étaient bien formés au niveau du génie et certains ont fréquenté l’académie militaire de l’Armée britannique afin d’apprendre à dessiner et à peindre, leur permettant ainsi de tenir compte des progrès réalisés avec des dessins, sketches et peintures. Leurs impressions artistiques de paysages locaux ont offert les premières vues du secteur de Bytown.

En 1827 le Colonel By a nommé un arpenteur local, John Burrows (1789-1848, Section 50) pour superviser les travaux du canal. Il avait été ingénieur civil en Angleterre et membre de la milice, mais s’était installé à Nepean en 1817. Sa signature, quelquefois avec celle du Colonel By paraît sur les dessins industriels et, lorsque le canal a été complété, il est devenu surintendant des opérations, un poste qu’il a occupé jusqu’à son décès en 1848. À la suite de son service militaire, il a développé des habiletés en croquis et en peinture à l’aquarelle et ses reproductions du canal, de ses écluses, des édifices et des environs, sont probablement la première impression d’un artiste. À son décès, M. Burrows a été enterré au cimetière de Hull, mais en 1882, sa tombe a été transféré à Beechwood.

Peu de temps après l’achèvement du canal, Bytown était devenu le centre de l’industrie du bois de sciage, transformant le bois des forêts de la Vallée de l’Outaouais. En 1857, Bytown, renommé Ottawa, était choisi comme la capitale permanente de la Province du Canada, laquelle a amené le gouvernement et la construction des immeubles du Parlement, qui n’étaient pas complètement achevés lorsqu’en 1867, la province se joint avec d’autres afin de former le Dominion du Canada.

En plus des politiciens, les législateurs et leur personnel, des ministères gouvernementaux vinrent à Ottawa, tels que la Commission géologique du Canada et ses explorateurs, cartographes et scientifiques. Le besoin de chemins de fer, canaux et ponts a necessité des ingénieurs et le Bureau du Gouverneur -Général a amené la royauté alors que le Marquis de Lorne est entré en poste en 1878. Son épouse était la Princesse Louise, la fille de la Reine Victoria. Elle partageait son intérêt dans les arts et les deux ont influencé la création de l’Académie royale des arts du Canada en 1880.

Lorsque le Bureau sur le bois de la Couronne s’est installé à Ottawa, il a attire Alexander Jamieson Russell (1807-1887, Section 41) qui a utilisé ses habiletés en esquisse afin d’illustrer des articles et un livre qu’il a rédigé; ses esquisses ont parues aussi dans le Canadian Illustrated News et autres publications.

Le frère d’Alexander été aussi un fonctionnaire et la nièce d’Alexander, Jenny Russell Simpson (1847-1936, Section 31) devient une paysagiste et portraitiste, le tout probablement enseigné par son oncle. Des exemples de ses portraits sont conservés auprès de Bibliothèque et Archive Canada.

Une autre artiste, Alvira Lockwood (1843-1925, Section B), était la fille du premier photographe local de Bytown, Joseph A. Lockwood, qui a établi son studio à Bytown au début de 1850 afin de produire des daguerréotypes. Alvira aidait au niveau des opérations du studio, et au décès de son père, elle a maintenu l’entreprise pendant de nombreuses années, mais en 1884, elle décida de passer de photographe à artiste, ce qui devint sa seconde carrière.

Un autre photographe et artiste, William Stuart Taggart (1859-1925, Section 39), qui avait appris la peinture d’un artiste d’Angleterre, a établi un studio d’art et de photographie à Ottawa en 1894. Il peignait des portraits à l’huile de citoyens éminents y compris le baron du bois J. R. Booth et les Premiers Ministres John A. Macdonald et Wilfrid Laurier.

De nombreux artistes, dont les tombes se trouvent au Cimetière Beechwood, ont participé à des expositions de l’Académie royale des arts du Canada, y compris le sculpteur Hamilton Plantagenet MacCarthy (1846-1939, Section 29), qui y a présenté ses oeuvres de 1886 à 1924. Formé par son père sculpteur à Londres, puis à l’Académie royale, M. MacCarthy a reçu des commandes de la Reine Victoria. En plus de son travail de sculpteur, il a joué dans des pièces de Shakespeare sur les scènes de Londres. Le règlement d’une succession canadienne a amené à la famille de MacCarthy à Toronto où il a établi un studio qu’il déménagea plus tard à Ottawa. Il produisit des portraits en marbre de citoyens importants , y compris les barons du bois J. R. Booth et E. B. Eddy, et de grands monuments tels que la statue de Samuel Champlain et le monument de la guerre de l’Afrique du Sud à Ottawa.

L’intérêt de la communauté pour l’art a permis d’attirer à Ottawa des artistes établis qui étaient aussi des enseignants, tel que Charles Eugene Moss (1860-1901, Section 35). Un Américain qui avait étudié en France avant d’arriver à Ottawa en 1883, M. Moss a enseigné à l’Ottawa Art School et Miss Harmon’s Home and Day School. Ses oeuvres furent présentées lors des expositions ARAC de 1884 jusqu’à son décès à 40 ans, et des exemples de ses oeuvres se trouvent au Musée des beaux arts du Canada et au Musée royal de l’Ontario.

Un autre artiste et enseignant des É.-U., Peleg Franklin Brownell (1857-1946, Section 24) avait aussi étudié en France, et tout comme M. Moss, il fut enseignant à l’École d’art d’Ottawa, et pendant de nombreuses années son proviseur. Il exposa auprès de l’ARAC de 1889 à 1918, et au Musée des beaux-arts du Canada possède 22 des toiles à l’huile de Brownell.

Deux frères nés à Ottawa, Ernest G. Fosbery (1874-1960, Section 37), et Lionel G. (1879-1956, Section 51), sont tous deux devenus artistes, Ernest un peintre et Lionel un sculpteur, et enseignants de l’art. Ernest a étudié sous Brownell, s’est rendu à Paris pendant deux ans et ensuite aux É.-U., pour enseigner, retournant à Ottawa en 1911. Il a été soldat durant la Première Guerre Mondiale et fut blessé en France, mais remis en service comme qu’artiste de guerre et il reprit l’enseignement après la guerre. Il était membre de l’ARAC et a été président pendant un certain nombre d’années. Il a développé des habiletés en gravure, et au Musée des beaux-arts du Canada, en plus de détenir un certain nombre de ses toiles, possédé aussi 17 gravures. Lionel Fosbery a quitté Ottawa en 1918 pour devenir un colon au Manitoba, mais plus tard il change de vocation en faveur de sculpteur, s’entraînant aux É.-U., Paris et Londres, avant de revenir à Ottawa où il possédait un studio et enseigna l’art. Ses oeuvres englobent des portraits de marbre de personnes importantes. Les portraits des Premiers Ministres Laurier et Borden sont à la Chambre des Communes.

Parmi les artistes employés par les ministères fédéraux, nous retrouvons Faith Fyles (1875-1961, Section 40). La fille du révérend Docteur Thomas Fyles, Pasteur anglican et entomologiste venu au Canada de l’Anleterre afin d’établir des églises, Faith est née à Cowansville au Québec. Après sa graduation de l’Université McGill, la famille a déménagé à Hull et, en 1910, elle obtient un poste de commis au ministère de l’Agriculture à Ottawa.

Rapidement elle devient une botaniste adjointe et ses talents d’artiste, élargis par les enseignants Franklin Brownell, Stanhope Forbes en Angleterre, et des artistes à Paris, lui ont permigs d’enregistrer les forms et les couleurs des plantes, fruits et fleurs. Elle a préparé un Bulletin, «Plantes vénéneuses principales du Canada», illustré de ses propres peintures et esquisses. Des publications additionnelles et la creation d’un herbier découlent de ses travaux au Ministère. En 1931, une mauvaise santé l’oblige à prendre sa retraite, mais elle poursuit la peinture. D’autres artistes féminines ont contribué à la scène artistique d’Ottawa.

Pendant de nombreuses années, Jean Edith Hewitt (1912-2011, Section 29), a produit des peintures à l’huile et des peintures à l’aquarelle, exprimant ainsi ses impressions de scènes locales et celles rencontrées dans ses déplacements. Des contributions similaires ont été faites au cours des années par May Stratton (1860- 1940, Section 41) et sa soeur Lily (1869- 1943, Section 41). Mme Stratton en plus de servir à titre d’officiel de l’Ottawa Women’s Art Association, fut membre de la Women’s Canadian Historical Society.

Paul Alfred Ernest Meister (1892-1959, Section 21), employé du gouvernement qui signait ses toiles Paul Alfred, était né dans le Staffordshire en Angleterre et a étudié à la Polytechnic School of Art. En 1908, la famille arrive à Ottawa et Paul travaille pendant un certain temps comme dessinateur, mais au début de la Première Guerre Mondiale, il se joint à l’armée et sert en Angleterre. Après la guerre, il étudie brièvement à la London’s Chelsea Polytechnic School. À son retour à Ottawa, il est embauché comme dessinateur de cartes au Ministère de l’Intérieur, et aussi en tant qu’artiste, afin de préparer les illustrations pour les publications du gouvernement. Il a été enseignant à l’Ottawa Art School, et membre du Groupe d’artistes d’Ottawa dont les oeuvres ont été présentées à Londres, en Angleterre en 1924.

En 1940, Paul se joint à l’armée et dans le cours de son service de la 2e GM il peint des murailles pour les mess de l’armée à Ottawa et Petawawa. Après la guerre il travaille pour la Défense nationale, et prend sa retraite en 1950. Deux des peintures de Paul Alfred se trouvent dans la collection au Musée des beaux-arts du Canada et une autre se trouve à la Bibliothèque et Archives Canada.

Tout comme Paul Alfred, Alan Brookman Beddoe (1893-1975, Section 41), a été militaire durant la 1ère GM. Il a été prisonnier de guerre en Allemagne, a appris l’art dans la prison, et à son retour à Ottawa, il devient un artiste commercial. En 1931, il aide l’artiste James Purves dans la préparation d’un Livre du Souvenir, un volume décoré de pages de papier vélin énumérant les noms des Canadiens tués dans la Première Guerre Mondiale. M. Purves est décédé après la décoration de la première page, et M. Beddoe l’a remplacé, complétant ainsi le projet en 1942, alors que le livre a été déposé dans la Chambre commémorative de la Tour de la Paix du Parlement. En 1948, M. Beddoe a débuté les travaux sur le Livre du Souvenir de la 2e GM et à faire suivre le tout avec des livres sur les guerres de la Corée et de l’Afrique du Sud; son oeuvre sur les Livres du Souvenir s’est échelonné durant 30 ans. Son intérêt dans l’art héraldique lui a permis de toucher à plusieurs autres projets.

Pendant plusieurs années l’artiste et marchand d’oeuvres d’art James Wilson (1855-1932, Section 37) a joué un rôle important sur la scène artistique de la communauté, en tant que peintre et propriétaire d’une galerie d’art affichant et vendant les oeuvres des artistes d’Ottawa. De 1883 à 1931, soit une période de 48 ans, M. Wilson a soumis des oeuvres pour les expositions de l’ARAC, toutes peintures à l’huile sauf une aquarelle.

L’Artiste Alfred Valentine Lawton (1850 -1929, Section 24) est venu au Canada d’Angleterre en 1873 et il s’est installé dans le secteur d’Eganville où il a été directeur d’école pendant un certain nombre d’années avant de déménager à Ottawa. Il affectionnait les sujets marins pour ses peintures à l’huile, mais il a produit de nombreux paysages de la région d’Ottawa. Tout comme M. Lawton, James Alfred Anthony Bland (1856-1928, Section 17) venait d’Angleterre, et s’installa à Pembroke pour y enseigner la peinture, mais en 1914, il déménagea à Ottawa. Il peignait aquarelle à l’huile, principalement des scènes de la région d’Ottawa et du long du Fleuve St-Laurent.

Un autre artiste anglais, Leonard Rossell (1880-1953), est arrivé à Toronto en 1908 et il se spécialisa dans l’illustration de livres. Il déménagea à Ottawa en 1922, enseigna l’art à l’École technique et se promena dans l’Outaouais afin de produire des peintures à l’huile, des aquarelles et des pastels, lesquels oeuvres ont été présentées dans plusieurs expositions d’Ottawa entre 1930 et 1940.

Lorsque Victor Tolgesy (1928-1980, Section 24) et ses parents sont arrivés à Ottawa en 1951, en tant que réfugiés de la Hongrie, Victor avait démontré peu d’intérêt à devenir un artiste, même si dans les camps il avait fait de petites sculptures sur bois. À Ottawa, cependant, après avoir trouvé du travail et fréquenté l’École d’art d’Ottawa il s’est montré intéressé à la sculpture non seulement sur bois, mais de produits laminés, papier-mâché et métal. Ses oeuvres dans ces matériaux ont décrochées des prix et sont représentées au Musée des beaux-arts du Canada et dans d’autres collections.

L’artiste a joué un rôle important dans la vie culturelle de la communauté de Bytown/Ottawa depuis ses débuts en tant que colonie militaire. La beauté du paysages locaux et la présence de citoyens distingués, en tant que sujets éventuels des artistes, et des personnes fortuné en tant qu’acheteurs éventuels d’art, ont attiré un grand nombre d’artistes à Ottawa.

Plusieurs sont demeurés et ont éventuellement trouvé leur dernier repos à Beechwood, dont les tombes représentent leurs contributions importantes au développement de l’art au Canada.