Un Dernier Hommage : Le Champ d’Honneur du Fonds du Souvenir au Cimetière Beechwood
Niché au cœur du paisible Cimetière Beechwood, le Cimetière national du Canada, se trouve un espace empreint de solennité et de gratitude durable - le Champ d’Honneur du Fonds du Souvenir, Section 19. Cet endroit sacré témoigne d’une promesse faite il y a plus d’un siècle : aucun ancien combattant ne devrait être privé d’un enterrement digne faute de moyens financiers.
Cet engagement commence avec un homme - Arthur Hair (1873–1947) - un immigrant britannique et vétéran de la guerre d’Afrique du Sud. En 1909, alors qu’il résidait à Montréal, Hair fut confronté à une réalité bouleversante : de nombreux anciens soldats et marins de l’Empire, autrefois tenus en haute estime, mouraient dans la pauvreté et l’oubli. Touché par leur sort, Hair consacra le reste de sa vie à leur garantir la dignité dans la mort. Il fonda le Fonds du Souvenir avec une mission claire :
« Honorer et protéger dans la mort semble bien peu en retour de ceux qui ont protégé leur pays de leur vivant. »
Un Effort National pour Protéger l’Honneur
À la suite de la Première Guerre mondiale, la vision de Hair prit de l’ampleur. En partenariat avec Anciens Combattants Canada, le Fonds du Souvenir entreprit d’administrer le Programme de services funéraires et d’inhumation, offrant un soutien financier pour assurer aux anciens combattants des funérailles et inhumations respectueuses, ainsi qu’un marquage de leur sépulture. Les premières inhumations à l’extérieur du Québec eurent lieu à Toronto en novembre 1922, posant les bases d’un programme véritablement national, désormais actif dans toutes les provinces et territoires du pays.
Le Champ d’Honneur de Beechwood
Au Cimetière Beechwood d’Ottawa, la Section 19 se distingue. C’est le seul espace officiellement désigné comme Champ d’Honneur du Fonds du Souvenir, avec un agencement particulier de pierres tombales militaires plates en granit. Contrairement aux stèles verticales que l’on retrouve couramment dans le Cimetière militaire national, ces pierres sobres incarnent une simplicité émouvante — gravées du nom, du grade, de l’unité, des années de naissance et de décès du vétéran, souvent accompagnées de l’inscription « NOUS NOUBLIONS PAS ».
Reposent ici des anciens combattants d’une grande diversité : membres des forces expéditionnaires canadiennes et britanniques, dont ceux qui ont servi dans les troupes ferroviaires canadiennes, le 4e bataillon de pionniers, ainsi que dans des unités impériales telles que les régiments de Cheshire et du Pays de Galles. Chaque pierre raconte la vie d’un individu ayant servi son pays — bien souvent sans ressources ni proches à ses côtés à la fin de sa vie.
Se Souvenir de Deux Forces qui Ont Marqué l’Histoire
La Force expéditionnaire canadienne (FEC) fut la force de combat outre-mer créée par le Canada pendant la Première Guerre mondiale. Avec plus de 600 000 Canadiens enrôlés, la formation la plus célèbre de la FEC, le Corps canadien, joua un rôle clé dans les grandes batailles du front de l’Ouest, notamment en France et en Belgique.
De son côté, la Force expéditionnaire britannique (FEB) — une armée professionnelle de six divisions — fut déployée sur le front de l’Ouest dès les premiers jours de la guerre. Les actions de la FEB à Mons, Le Cateau, l’Aisne et surtout Ypres furent cruciales pour stopper l’avancée allemande en 1914. Bien qu’elle ait été presque décimée au cours de ces premières batailles, la FEB fut réorganisée en plusieurs armées, son nom demeurant néanmoins associé à la participation britannique tout au long du conflit.
Un Lieu de Réflexion
La Section 19 du Cimetière Beechwood est bien plus qu’un simple lieu d’inhumation. Elle est l’héritage vivant de la vision d’Arthur Hair, une incarnation concrète de la gratitude durable du Canada. Chaque pierre est porteuse d’une histoire, non seulement de service militaire, mais aussi d’un engagement qui transcende le temps — se souvenir, honorer, offrir la dignité à ceux qui ont servi.
En parcourant le Champ d’Honneur, une vérité fondamentale s’impose : le souvenir ne s’arrête pas avec la vie. Il se perpétue dans la manière dont nous prenons soin de ceux qui nous ont précédés. Et grâce au Fonds du Souvenir, ce devoir est fidèlement rempli.