Honorer les morts au-delà des frontières - Cérémonie du Memorial Day des États-Unis au Cimetière Beechwood

L’après-midi lumineux du 27 mai 2025, la Fondation du Cimetière Beechwood et le Cimetière militaire national du Canada se sont réunis avec l’ambassade des États-Unis et des membres des communautés diplomatique, militaire et vétérane pour souligner le Memorial Day des États-Unis — une occasion solennelle tenue sur les terres sacrées du lieu de repos militaire national du Canada.

Honorer les morts au-delà des frontières

La cérémonie a débuté par une reconnaissance du territoire, soulignant que le cimetière est situé sur le territoire non cédé et non abandonné de la Nation Anishinaabe Algonquine. Nicolas McCarthy, directeur du marketing, des communications et de l’engagement communautaire à Beechwood, a accueilli les invités et souligné l’importance de ce rassemblement : rendre hommage à tous les membres des forces armées américaines tombés au combat — qu’ils aient servi dans les forces canadiennes ou américaines au Canada — et reconnaître le lien historique profond entre le Canada et les États-Unis, forgé non seulement par les traités, mais aussi par le sang, le devoir et les valeurs communes.

Les origines du Memorial Day

Le Memorial Day, connu à l’origine sous le nom de Decoration Day, est né à la suite de la guerre de Sécession — le conflit le plus meurtrier de l’histoire des États-Unis. En 1868, le 30 mai a été désigné comme jour pour fleurir les tombes des soldats de l’Union tombés au combat. Au fil du temps, cette pratique est devenue une journée nationale de deuil pour tous les militaires américains morts en service. Bien qu’il s’agisse d’un jour férié américain, sa signification dépasse largement les frontières des États-Unis — y compris ici au Canada, où des militaires américains reposent aux côtés de leurs camarades canadiens.

Un chapitre moins connu, mais profondément significatif de l’histoire militaire a été mis en lumière pendant la cérémonie : les dizaines de milliers de citoyens américains qui ont choisi de s’enrôler dans les Forces armées canadiennes lors des deux guerres mondiales.

Avant l’entrée en guerre des États-Unis en 1917, plus de 35 000 Américains avaient traversé la frontière pour rejoindre le Corps expéditionnaire canadien. Beaucoup ont été motivés par leur conviction morale, leur sens du devoir ou leur indignation face aux atrocités commises à l’étranger. Ces hommes ont combattu à Ypres, la Somme, la crête de Vimy et Passchendaele — des noms gravés dans la mémoire canadienne, portés aussi par ces Américains qui sont morts en arborant la feuille d’érable sur l’épaule. Leur sacrifice n’était pas symbolique. Il était réel et profond. Près de 3 000 Américains en uniforme canadien ont perdu la vie pendant la Grande Guerre. Ils sont inhumés dans des cimetières en France, en Belgique et ici même au Canada. Le même esprit d’engagement s’est poursuivi pendant la Seconde Guerre mondiale.

Avant l’entrée des États-Unis dans le conflit en décembre 1941, environ 9 000 Américains s’étaient déjà enrôlés au Canada. Plus de 800 ont rejoint l’Aviation royale canadienne, prenant part aux missions de bombardement au-dessus de l’Europe occupée. Ils faisaient face à d’énormes dangers, mais beaucoup ont servi avec distinction. Certains ont reçu des décorations pour bravoure. D’autres ne sont jamais revenus. Leurs noms figurent sur des cénotaphes et des monuments commémoratifs à travers le Canada. Certains reposent à Beechwood — inhumés non pas comme étrangers, mais comme frères d’armes d’une même cause.

La cérémonie s’est poursuivie par les réflexions de Marybeth Turner, chef adjointe de mission à l’ambassade des États-Unis à Ottawa, et du major-général I.S. Huddleston, vice-chef d’état-major de la Défense. Tous deux ont rendu hommage à l’alliance durable entre les États-Unis et le Canada, façonnée autant par les ententes diplomatiques que par les tranchées, les missions aériennes et les sacrifices conjoints.

La cérémonie de dépôt de couronnes a ensuite eu lieu — une tradition militaire transmise à travers les générations et les nations. Représentant le deuil, le respect et la mémoire durable, des couronnes ont été déposées par :

  • Le major-général I.S. Huddleston au nom du Canada ;
  • La chef adjointe Marybeth Turner et le colonel Chadwich Sterr au nom des États-Unis ;
  • Le commandant Mark Tapsell, RNZN, représentant la Nouvelle-Zélande et tous les attachés militaires internationaux, en hommage à tous ceux tombés au service d’une cause commune.

Les invités se sont ensuite recueillis en silence pour l’interprétation de Taps — l’appel de clairon emblématique en 24 notes, joué pour la première fois pendant la guerre de Sécession, et désormais utilisé dans le monde entier pour dire adieu aux militaires tombés. Ses notes résonnaient entre les pierres tombales, appelant chacun à réfléchir.

Une marche à travers un héritage partagé

Pour conclure la cérémonie, les invités ont été invités à participer à une marche commémorative guidée sur les terrains de Beechwood. La visite a mis en lumière cinq lieux clés témoignant de la coopération militaire canado-américaine :

  • Les Mémoriaux de crémation de la CWGC à Ottawa, en hommage aux militaires américains et du Commonwealth incinérés et commémorés ici ;
  • Le Mémorial du Plan d’entraînement aérien du Commonwealth, reconnaissant les milliers d’aviateurs américains formés au Canada durant la Seconde Guerre mondiale ;
  • Le site funéraire de la Première Force de service spécial, en mémoire de la légendaire brigade canado-américaine surnommée « Devil’s Brigade » ;
  • Les morts de la guerre en Afghanistan, illustrant les partenariats militaires contemporains entre nos deux nations ;
  • Le Mémorial du 11 septembre, dédié aux Canadiens perdus lors des attentats — un lieu de deuil et de résilience partagés.

Unis dans le souvenir

La cérémonie du Memorial Day de cette année à Beechwood était bien plus qu’un événement protocolaire — elle était une réaffirmation des liens de fraternité et des idéaux partagés qui transcendent les frontières. Qu’ils aient servi sous les étoiles et les bandes ou sous la feuille d’érable, chaque militaire honoré aujourd’hui a donné sa vie pour la liberté.

Alors que les invités quittaient les lieux, un message demeurait : la mémoire n’a pas de nationalité — elle est définie par l’honneur. Et dans des lieux comme Beechwood, où se rencontrent les histoires et les héritages, cet honneur perdure.

Unis dans le souvenir. Unis dans l’honneur.