
Honorer 180 ans de service : L’héritage durable des Sœurs de la Charité à Ottawa
Le vendredi 30 mai 2025, le Cimetière Beechwood a eu l’honneur d’accueillir des membres de la communauté, des dignitaires et des Sœurs de la Congrégation des Sœurs de la Charité d’Ottawa (SCO) pour souligner un jalon exceptionnel le 180e anniversaire de la fondation de la congrégation et de son arrivée à Bytown.
La cérémonie commémorative a eu lieu devant le Monument Élisabeth Bruyère, situé sur les terrains du Cimetière Beechwood, un lieu qui rend hommage à une femme dont la foi et la compassion ont profondément marqué l’identité de la capitale canadienne.
Bytown : Une ville en crise et en mutation
En 1845, la petite localité de Bytown, aujourd’hui Ottawa, était en pleine transformation. Fondée comme poste militaire et point central de la construction du canal Rideau, Bytown était peuplée d’immigrants irlandais, de Canadiens français et de soldats britanniques, vivant dans des conditions difficiles et insalubres. Les épidémies de typhus et de variole ravageaient la population, et l’absence de services sociaux renforçait la vulnérabilité des plus démunis.
C’est dans ce contexte de pauvreté et d’urgence sanitaire que Mère Élisabeth Bruyère et un petit groupe de femmes courageuses sont arrivées. Envoyées par les Sœurs de la Charité de Montréal (les Sœurs Grises), elles sont venues non pas chercher le confort, mais répondre à un appel de service.
Une mission guidée par la compassion
Dès leur arrivée, les Sœurs de la Charité se sont engagées dans une œuvre de soutien direct. En quelques mois, elles ont fondé le premier hôpital de la région. Elles ont mis sur pied des écoles bilingues, accueilli des orphelins, soutenu les veuves, et pris soin des malades, peu importe leur origine ou leur foi. Ce qui distinguait leur mission, c’était à la fois sa portée et sa proximité. Elles vivaient avec les personnes qu’elles servaient. Elles ont appris l’anglais pour mieux rejoindre les immigrants irlandais. Et dans une société encore divisée par la religion et la langue, elles ont choisi l’inclusion.
Un héritage bien vivant
La cérémonie à Beechwood a célébré non seulement le passé, mais aussi le présent vivant de cette mission. L’historien canado-irlandais Michael McBane a brossé un portrait saisissant du Bytown de 1845, et les profondes fractures sociales qu’ont affrontées les premières Sœurs.
Nicole Paquin et Sœur Pauline Lebrun ont ensuite partagé une réflexion sur les premières années du service des Sœurs à Ottawa. Les Sœurs Geovana et Louise S. ont lu un passage de l’Évangile de Matthieu (25, 31-46), texte fondateur de leur engagement : « J’étais un étranger et vous m’avez accueilli, j’étais malade et vous m’avez visité. »
Julie et Jean-Yves ont présenté l’histoire du monument, soulignant son importance dans le patrimoine spirituel et historique du Canada.
Enfin, les Sœurs Rachelle et Louise C. ont offert un appel vibrant à poursuivre l’œuvre de Mère Bruyère, un rappel que la mission de charité n’est jamais figée dans le passé, mais bien vivante aujourd’hui, dans les soins, l’éducation et l’accompagnement des plus vulnérables.
Une ville transformée
Il est juste de dire que sans les Sœurs de la Charité, Ottawa n’aurait pas le visage qu’on lui connaît aujourd’hui. Leurs institutions ont jeté les bases de nos hôpitaux modernes, de nos écoles communautaires, et des services sociaux centrés sur la dignité humaine. Beechwood est fier de préserver cet héritage.
De nombreuses Sœurs pionnières reposent ici, et le monument qui porte le nom de Mère Bruyère témoigne de leur impact durable. Nous nous engageons à continuer de raconter leur histoire afin qu’elle inspire les générations futures. La cérémonie s’est conclue par un moment de convivialité autour du thé et de scones, reflet fidèle de l’hospitalité chaleureuse qui a toujours animé les Sœurs de la Charité.
« L’héritage des Sœurs de la Charité n’est pas seulement inscrit dans la pierre. Il vit dans chaque vie qu’elles ont touchée. Leur histoire est aussi la nôtre. »
Le Cimetière Beechwood demeure un lieu de mémoire vivant, témoin du service désintéressé de celles qui ont dédié leur vie aux autres. Ce 180e anniversaire nous rappelle tout ce qui est possible lorsque la foi devient action et que la compassion devient fondation.