Sir George Eulas Foster : Architecte de la politique canadienne et visionnaire impérial
Sir George Eulas Foster
Section 22, Lot 15 NW – Cimetière
Né le 3 septembre 1847, dans le comté de Carleton, au Nouveau-Brunswick, George Eulas Foster s’éleva d’un milieu modeste pour devenir l’un des hommes d’État les plus respectés et influents de l’histoire canadienne.
Au cours d’une carrière politique qui s’étendit sur près de quarante ans, il joua un rôle déterminant dans l’élaboration des politiques financières du pays, dans l’affirmation de l’identité internationale du Canada et dans l’évolution de son orientation politique à une époque de consolidation nationale et de bouleversements mondiaux.
Dès son jeune âge, Foster se distingua par son goût pour l’apprentissage et son sens du leadership. Diplômé de l’Université du Nouveau-Brunswick, il poursuivit ses études supérieures à Édimbourg et à Heidelberg, approfondissant à la fois sa formation classique et sa vision du monde. De retour au Canada, il fut nommé professeur de lettres classiques, puis directeur de l’École normale provinciale de Fredericton. Son esprit rigoureux et son éloquence impressionnante attirèrent rapidement l’attention sur la scène nationale.
En 1882, il fut élu à la Chambre des communes à titre de député conservateur du comté de Kings, au Nouveau-Brunswick. Son ascension fut fulgurante.
En 1885, le premier ministre sir John A. Macdonald le nomma ministre de la Marine et des Pêcheries, un portefeuille crucial pour l’économie maritime. Foster modernisa le secteur halieutique canadien et contribua à la conclusion d’accords bilatéraux essentiels à la protection des intérêts du Canada.
Trois ans plus tard, il fut nommé ministre des Finances, assumant la responsabilité de la direction économique d’un pays en pleine expansion. Dans le contexte de l’industrialisation et de la colonisation de l’Ouest, il devint un des principaux architectes de la Politique nationale, utilisant les tarifs douaniers pour protéger les industries locales et stimuler les infrastructures. Ses budgets furent salués pour leur prudence, leur vision à long terme et leur capacité à répondre aux défis d’un jeune pays en croissance.
Bien que sa première période ministérielle prit fin avec la défaite des conservateurs en 1896, Foster demeura une figure centrale du parti. C’est cette même année qu’il prononça un discours marquant dans lequel il qualifia la politique étrangère britannique d’« isolement splendide » - une expression rapidement reprise dans les cercles diplomatiques et médiatiques internationaux.
Lorsque les conservateurs revinrent au pouvoir en 1911, sous la direction de sir Robert Borden, Foster fut nommé ministre du Commerce. Il occupa ce poste durant la Première Guerre mondiale et la période difficile de l’après-guerre. Il supervisa la mobilisation économique du pays, appuya l’expansion du commerce canadien à l’international et défendit avec vigueur la souveraineté économique du Canada face à l’influence croissante des États-Unis. Il renforça les relations commerciales au sein de l’Empire britannique, tout en affirmant l’indépendance croissante du Canada.
L’influence de Foster dépassa largement les frontières du pays. En 1912, il fut fait chevalier commandeur de l’Ordre de Saint-Michel et Saint-Georges (K.C.M.G.) pour ses services remarquables.
En 1916, il fut nommé au Conseil privé impérial du Royaume-Uni, devenant ainsi l’un des rares Canadiens à porter le titre de « très honorable » sans avoir été premier ministre – un hommage à sa stature d’homme d’État et à ses contributions à l’échelle de l’Empire.
En 1919, il représenta le Canada à la Conférence de paix de Paris, participant aux négociations du Traité de Versailles et à la création de la Société des Nations. Dans ces forums internationaux, il incarna l’émergence du Canada en tant qu’acteur autonome sur la scène mondiale, tout en demeurant loyal à ses racines impériales. Bien qu’il n’ait jamais dirigé le Parti conservateur, Foster en fut largement reconnu comme le cerveau intellectuel. Il conseilla tous les chefs conservateurs de Macdonald à Meighen, influençant profondément les orientations politiques en matière d’économie, de commerce et de relations internationales.
Sir George Eulas Foster se retira de la vie politique en 1921, après presque quarante années de service parlementaire. Il décéda le 30 décembre 1931, à l’âge de 84 ans. Il repose au cimetière Beechwood, dans la section 22, lot 15 NO, parmi les bâtisseurs de la nation qui ont façonné le Canada moderne.

Aujourd’hui, on se souvient de Foster comme d’un architecte fondamental de la gouvernance canadienne moderne – un éducateur devenu homme d’État, un défenseur de l’économie nationale, et une voix ferme du Canada au sein de l’Empire britannique. Son héritage perdure dans les institutions qu’il a aidé à construire, dans les politiques qu’il a inspirées, et dans la nation qu’il a contribué à définir.