
Honorer les piliers méconnus : dévoilement de la plaque « Le Deuxième Homme » de la GRC
Le 23 mai 2022, une page importante de l’histoire de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a été officiellement reconnue avec le dévoilement de la plaque commémorative intitulée « Le Deuxième Homme ». Cette plaque rend hommage aux générations d’épouses de membres de la GRC qui, sans jamais prêter serment, ont été des partenaires essentielles et bénévoles dans l’application de la loi au Canada pendant plus d’un siècle.
Un pilier historique du maintien de l’ordre au Canada
Depuis la création de la Police à cheval du Nord-Ouest en 1873—devenue plus tard la GRC—les membres étaient souvent affectés dans des régions éloignées ou en développement du Canada, y compris dans des postes isolés du Nord ou des communautés rurales. Ces affectations exigeaient bien plus que des compétences policières : elles demandaient adaptabilité, endurance et un sens inébranlable du devoir de la part de toute la famille. Sans description officielle de poste ni reconnaissance formelle, les épouses des membres de la GRC ont assumé un rôle indispensable, contribuant au succès opérationnel et au bien-être des communautés.
Les quartiers des détachements servaient souvent à la fois de résidence familiale et de bureau de police communautaire, brouillant les frontières entre la vie privée et les responsabilités professionnelles. Les épouses devenaient naturellement le pilier de soutien, prenant en charge non seulement les tâches ménagères, mais aussi des rôles policiers essentiels.
Une gamme de responsabilités : au-delà de l’appel du devoir
Les responsabilités informelles, mais cruciales, assumées par ces femmes étaient nombreuses :
- Surveillance et fouille des prisonniers, en particulier en l’absence d’agentes féminines.
- Réception des appels téléphoniques et des communications radio, garantissant un lien constant entre le public et la GRC.
- Traitement des plaintes et tâches administratives, assurant le bon fonctionnement du détachement.
- Entretien des bâtiments du détachement, incluant le nettoyage, la préparation des repas pour les détenus et visiteurs.
- Fournir les premiers soins, étant souvent les seules personnes formées disponibles en cas d’urgence.
- Enseignement et initiatives communautaires, jouant un rôle central dans la stabilité sociale.
Tout cela était accompli tout en élevant leurs enfants, en gérant leur foyer et en s’adaptant fréquemment à de nouveaux lieux d’affectation, souvent dans des conditions climatiques rigoureuses et dans l’isolement.
Leadership communautaire et impact social
Au-delà des responsabilités opérationnelles, les épouses des membres de la GRC jouaient un rôle clé dans l’établissement de relations avec les communautés locales. Elles n’étaient pas simplement des soutiens; elles étaient des leaders, organisant des événements communautaires, favorisant le dialogue interculturel et veillant à ce que le détachement soit un lieu de confiance, non seulement d’application de la loi.
Dans de nombreuses collectivités, notamment dans le Nord ou en milieu rural, l’épouse du membre de la GRC représentait un point d’ancrage, offrant conseils, éducation et compassion en période de besoin.
Une reconnaissance officielle : Le Prix « Deuxième Homme »
Malgré leurs contributions essentielles, il aura fallu attendre 2010 pour qu’elles reçoivent une reconnaissance formelle. La GRC et l’Association des vétérans de la GRC ont alors instauré le Prix « Deuxième Homme », un titre emprunté au jargon policier désignant traditionnellement l’officier de soutien, reflétant ainsi le rôle crucial de ces femmes comme bras droit de leur conjoint.
Des centaines de femmes partout au Canada ont depuis été honorées pour leur dévouement désintéressé et leurs contributions à la sécurité, aux valeurs canadiennes et à la cohésion communautaire.
Le dévoilement de la plaque « Deuxième Homme » le 23 mai 2022 est bien plus qu’un simple geste symbolique. Il représente une reconnaissance attendue depuis longtemps du travail invisible et non rémunéré de générations de femmes qui ont incarné l’esprit du devoir et du service sans bénéficier de reconnaissance ni de compensation officielle.
Leur résilience et leur engagement ont façonné non seulement la GRC, mais également les communautés qu’elles ont servies, renforçant les idéaux de citoyenneté canadienne et de responsabilité communautaire. Cette plaque demeure un rappel permanent que l’histoire de la GRC n’a pas été écrite uniquement par ceux qui portaient l’uniforme, mais aussi par ces femmes dévouées qui, dans l’ombre, ont joué un rôle tout aussi fondamental.
Elle veille à ce que les générations futures comprennent les sacrifices et les contributions de ces piliers méconnus—un fondement essentiel de l’héritage de la GRC.